Un petit hors sujet entre deux projets couture et trois bouquins. Parce que dans la vraie vie, le papa des charmants enfants qui peuplent ce blog est marin. Et même sous-marinier pour tout vous dire. Alors voilà. C'est sympa, on voit des bateaux, on frime un peu devant les copains (enfin surtout les parents des copains d'ailleurs), on visite l'arsenal, on habite au bord de la mer...
Mais dans la vraie vie cela veut surtout dire des absences, répétées. Et pas juste un jour ou deux genre papa est en déplacement. Non, des mois. Et suivant les années, les affectations et les coups de bol (ou pas), de nombreux mois. Et un sous-marin c'est l'aventure et tout ça, mais un sous-marin ça va sous l'eau. Ce qui veut dire que l'on oublie téléphone, skype, mails et toutes ces jolies inventions modernes permettant de communiquer partout dans le monde. Sous-marin cela veut dire silence radio durant plusieurs semaines. Donc un papa pas là et muet en prime.
Pour être précise quand nous habitions Brest c'était deux mois et demi d'absence sans aucunes nouvelles. Carré et efficace donc. Depuis que nous sommes dans le Sud, cela peut aller jusqu'à 4 mois d'absence avec quelques mails et un skype ou deux car il y a des escales (j'ai été à ma première il y a peu d'ailleurs, je vous ai fait des photos !) ou quelques retours impévus (qui s'ils sont source de joie sont aussi très fatigants à gérer émotionnellement et techniquement pour tout le monde).
J'en parle peu ici car c'est notre quotidien, une sorte d'évidence. Mais l'évidence est malgé tout parfois un fatigante à vivre. Le papa marin est rentré avant-hier alors pfffiou, je souffle !
Alors on fait commment pour gérer ces mois d'absence ?
★ Avant toute chose et bien évidemment on s'organise à donf ! Avant le départ si possible. Donc tout est sensé être OK : crèche, centre aéré, baby-sitter et numéros des copines dispos. Ce qui permet dans le meilleur des mondes d'avoir des semaines parfaites où tout roule et chaque enfant est à sa place (genre une à la crèche, les deux grands à l'école, puis le moyen au centre aéré et la grande à son cours de dessin grâce à une copine, puis baby-sitter qui récupère tout le monde le soir où je bosse). Et dans les pires des cas, qui arrivent somme toute fréquemment (les enfants adorent avoir la varicelle quand papa vient de partir par exemple), d'avoir plusieurs solutions disponibles. Il y a des chanceuses qui peuvent aussi cocher la case grands-parents, mais dans notre cas notre position géographique ne le permet pas.
★ Ensuite on ne déprime pas ! Une maman qui va mal, ce sont des enfants relous à gérer et pas bien dans leurs pompes. Donc on stresse forcément un peu avant le départ, on pleure un bon coup juste après, on se lamente au téléphone avec ses copines, on a même le droit d'être en colère (plus facile de s'énerver parfois)... et on repart du bon pied dès la sortie de l'école. On se rappelle un peu comme un mantra que ce boulot il l'a choisi, qu'il l'aime, que ça fait bouillir la marmite, qu'on n'aurait pas supporter un mec tout le temps dans nos pattes, que ça met du sel marin dans le quotidien...
★ Et pour que ce deuxième point fonctionne, on ne s'oublie pas. On n'arrête pas de vivre sous prétexte que le mari marin s'est envolé, ou plutôt a plongé. On prévoit un budget baby-sitter ou on profite de la venue des grands-parents pour sortir quelques soirs. On abuse honteusement de la crèche (j'espère que personne de la mairie ne lit ce blog !) pour aller au ciné, déjeuner avec des copines, se balader sans enfants !
★ On se met au streaming. Cette fois-ci j'ai regardé les 6 saisons de Downtown Abbey et les 3 de Orange is the new black.
★ On blinde l'emploi du temps quitte à en faire un peu trop. Rien de pire qu'un dimanche à ne voir personne... Donc on profite des rayons de soleil pour aller faire le tour des parcs et zoo de la région, le GPS devient ton nouvel meilleur ami ! Ici on a la chance de pouvoir profiter de plages et bouts de rochers divers alors on en abuse. Au moindre signe de pétage de plombs on file en bord de mer. L'hiver on s'équipe, bottes et cirés pour qu'ils puissent sauter dans les flaques, l'été c'est fastoche, maillots et serviettes. Ça fait du bien à tout le monde. Les enfants courent et jouent, la maman s'oxygène et même la rainette en profite pour déguster cailloux et bouts de bois. Vive les expériences sensorielles !
★ On invite les copains suivant l'adage "plus on est de fous, plus on rit". Les enfants adorent les soirées pyjamas ou les déjeuners crêpes. Ca fait un peu de boulot et de rangement, mais aussi de nombreuses heures de jeu sans adulte (qui est toujours le même je vous le rappelle) !
★ On compte les jours si on a envie. Ici on coche les cases du calendrier, et puis dès fois on oublie... parec que l'on n'est pas obligé de se rappeler tous les matins que papa n'est pas là. Et une semaine ou deux avant le grand retour on peut décompter avec des cailloux dans un pot par exemple que l'on enlève au fur et à mesure (mais pas avant parce que 4 mois de cailloux c'est déprimant).
★ On garde les mêmes rituels. Nous on est adepte de l'apéro dînatoire du vendredi soir. Alors on continue même s'il manque un participant...
★ On tente de garder le cap, mêmes règles que quand la famille est au complet. Avec un bémol sur "l'effet groupir". Les enfants, en tout cas les miens, dorment ensemble dans ces moments là et n'aiment pas trop s'éloigner les uns des autres (et de moi je crois). Alors quand papa n'est pas là, on reste "groupir".
★ On abuse des câlins, il en faut deux fois plus ! Et on n'hésite pas à sortir l'album photo histoire de se rappeler la tête de l'absent. Faudrait pas non plus se tromper de papa sur le quai au retour.
★ Et on croise les doigts pour que tout se passe bien !
Et chez vous, il y a des papas pas là parfois ?
PS : Et le deuxième effet kiss cool du petit troisième, c'est que le temps passe très très vite... je suis presque à deux doigts de comprendre pourquoi tous ces marins ont autant d'enfants !
Re-PS : Ce billet n'est pas subventionné par la Marine Nationale.
Re-re-PS : On ressort les bouquins genre Papa ours part en voyage et Sous-marins. Ça ne mange pas de pain...